Simon et Julie, sénégalais, mariés, ont un fils au pays et deux enfants à Paris : sans papiers pendant huit ans, ils sont régularisés au motif de leur « vie privée et familiale ». Hortense vient des Philippines ; mère célibataire d’une fille née à Paris, elle vit durant huit ans sans papiers avant d’être régularisée pour « cinq ans de présence prouvée et un enfant scolarisé depuis au moins trois ans ».
C’est en accompagnant au quotidien ces femmes et ces hommes qui, à un moment de leur vie, se trouvent en « situation administrative irrégulière », que Frédérique Fogel a enquêté. Pendant dix années, sous plusieurs régimes réglementaires et législatifs, elle a questionné les pratiques et les représentations des relations de parenté et des liens de famille de part et d’autre du guichet préfectoral : comment parler parenté et faire famille dans la situation d’une migration immobilisée ? Comment la condition sans papiers influence-t-elle les relations entre celles et ceux qui vivent en migration et leur famille au pays ? Comment le dispositif juridique infléchit-il la vie privée, imposant certaines manières d’être et de penser ? Cette recherche ethnographique et anthropologique interroge également la marginalité et la précarité juridiques des personnes étrangères, apportant un éclairage nouveau sur l’évolution des normes en usage sur le territoire français en matière de parentalité, de conjugalité et de genre.
Parenté sans papiers forme ainsi une contribution importante à une anthropologie des migrantes et des migrants, permettant de comprendre l’écart entre la famille sans papiers, contrainte à la normativité, et la famille sociologique « française » qui, depuis les années 1970, n’en finit pas de dépasser les normes.
François Héran, professeur au Collège de France (chaire Migrations et sociétés) et ancien directeur de l’INED, a préfacé cet ouvrage.
La photographie de la quatrième de couverture est l’œuvre de Sébastien Poix.
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