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Notre collègue Christophe Voinchet nous a transmis le texte suivant en réponse à cette proposition. ce texte a été publié en premier lieu dans les ASH du 4 juillet dernier.
"Courrier en réaction aux propos de Martine Noalhyt publiés dans les ASH
C’est très confraternellement que nous souhaitons apporter une réponse à notre collègue et ainsi contribuer à nourrir le débat relatif à la formation des assistants sociaux.
Le mémoire au DEASS a toujours été reconnu comme un moment certes éprouvant, mais particulièrement formateur par les étudiants et par les collègues qui l’ont réalisé. Ce travail, au delà des dimensions rituelle et symbolique qui a l’évidence sont en effet présentes, c’est indéniable, apparaît sans conteste comme une démarche formatrice et enrichissante pour plusieurs raisons :
Le moment de la conception du mémoire permet à l’étudiant :
d’être curieux intellectuellement et de s’ouvrir à la multiplicité des approches possibles d’une même réalité, de mesurer son point de vue à l’aune d’une première démarche d’objectivation ;
de s’initier à la recherche des sources et des référentiels de base dans le vaste champ des sciences humaines et sociales, et ce faisant d’être en mesure de faire des choix théoriques au regard de son sujet et de ses propres options ;
de se positionner face à une réalité sociale qu’un tel travail de recherche aura permis de mettre à jour, au moins pour partie.
Ces éléments correspondraient en effet aussi, pour partie, à la phase exploratoire de cette épreuve, nous ne reviendrons pas sur la méthodologie générale du mémoire que chacun connaît et applique. Toutefois la réduction de l’épreuve à sa simple expression exploratoire, outre le contresens inhérent à ce principe (mettre en perspective un questionnement sans être invité à le traiter, au moins pour partie, depuis le terrain) nous apparaît préjudiciable aux étudiants et aux professionnels. Ce mémoire, tel qu’il est conçu jusqu’à présent, c’est à dire incluant une procédure d’enquête modeste mais réelle, permet en effet une démarche qui va au-delà d’une simple mise en place exploratoire, et qui donne l’opportunité à l’étudiant d’éclairer sa proposition à la lumière des éléments recueillis sur le terrain ou dans le cadre de synthèses théoriques et ainsi de pouvoir réfléchir, prendre de la distance, évaluer ses limites, établir des conclusions certes partielles mais opératoires, de mettre ainsi en perspective l’ampleur, bien souvent, de l’inconnu….et ce faisant s’ouvrir à de nouveaux questionnements. Cette deuxième phase, celle d’une enquête de terrain, tout à fait fondamentale à nos yeux, est un moyen pour l’étudiant d’être partie prenante de ses constats, de son analyse et de ses réflexions ; elle lui donne les moyens d’assumer ses limites, mais aussi sa responsabilité, elle lui permet en outre, certes d’une manière ou le rituel joue un rôle prépondérant au plan symbolique, comme au demeurant dans tous les processus menant à l’obtention d’un diplôme, d’occuper une place, si modeste soit-elle, et pour autant qu’on la lui laisse, dans le champ des recherches en travail social. Ainsi continuerons-nous de former des assistants sociaux n’ayant pas qu’une tête bien pleine mais aussi bien faite, dont l’ambition ne sera pas uniquement d’exécuter ou de « se référer à » (d’autres recherches….faites par d’autres qui seraient ou se penseraient plus compétents ou plus légitime à enquêter ? ?….) mais aussi, autant que possible, de réfléchir « avec ».
Ce sont les raisons pour lesquelles le maintien de cette épreuve dans toutes les phases de la démarche, et notamment dans la mise en œuvre d’une approche du type « enquête de terrain », en complément de l’approche théorique et conceptuelle et de l’exploration première du terrain, nous semble justifiée.
Il va de soi que l’ambition d’une enquête de terrain menée dans le cadre de l’épreuve de mémoire du DEASS a davantage valeur de pré-enquête, qu’elle ouvre plus de questionnements qu’elle ne donne de réponses, mais l’entièreté de la démarche permet au moins une cohérence de forme et une démarche de fond, pour l’étudiant et au bénéfice des acteurs de l’action sociale et de leurs usagers.
La valoriser et la développer nous semblent des ambitions bien plus opportunes que la réduire à l’expression, qui le cas échéant serait en effet bien du simple registre du rituel d’initiation, d’une exploration sans enquête post-problématisation, si modeste, répétons-le, soit cette enquête.
Cette épreuve existe en outre dans d’autres pays européens d’un niveau de formation identique ; à ce propos notons que dans l’article faisant état des réflexions de notre collègue Martine Noalhyt, il est indiqué que nous ne sommes reconnus que niveau Bac + 2, cela est vrai pour le statut de la Fonction Publique mais il serait utile d’ajouter que dans le cadre de l’Union Européenne notre diplôme est reconnu Bac + 3, les stages étant considérés comme un temps de formation. à part entière.
Nous sommes convaincus que chacun d’entre nous, formateur, professionnel du terrain, étudiant, souhaite conserver ce niveau et maintenir ces ambitions pour les générations à venir d’assistants sociaux, c’est la raison de notre engagement et l’ancrage du point de vue ci-avant exposé."
Pour un groupe d‘étudiants, de formateurs, de professionnels du terrain,
Christophe Voinchet, Assistant Social, Doctorant à l’Université Picardie Jules Verne, Directeur de mémoire en région Picardie.
"Courrier en réaction aux propos de Martine Noalhyt publiés dans les ASH
C’est très confraternellement que nous souhaitons apporter une réponse à notre collègue et ainsi contribuer à nourrir le débat relatif à la formation des assistants sociaux.
Le mémoire au DEASS a toujours été reconnu comme un moment certes éprouvant, mais particulièrement formateur par les étudiants et par les collègues qui l’ont réalisé. Ce travail, au delà des dimensions rituelle et symbolique qui a l’évidence sont en effet présentes, c’est indéniable, apparaît sans conteste comme une démarche formatrice et enrichissante pour plusieurs raisons :
Le moment de la conception du mémoire permet à l’étudiant :
d’être curieux intellectuellement et de s’ouvrir à la multiplicité des approches possibles d’une même réalité, de mesurer son point de vue à l’aune d’une première démarche d’objectivation ;
de s’initier à la recherche des sources et des référentiels de base dans le vaste champ des sciences humaines et sociales, et ce faisant d’être en mesure de faire des choix théoriques au regard de son sujet et de ses propres options ;
de se positionner face à une réalité sociale qu’un tel travail de recherche aura permis de mettre à jour, au moins pour partie.
Ces éléments correspondraient en effet aussi, pour partie, à la phase exploratoire de cette épreuve, nous ne reviendrons pas sur la méthodologie générale du mémoire que chacun connaît et applique. Toutefois la réduction de l’épreuve à sa simple expression exploratoire, outre le contresens inhérent à ce principe (mettre en perspective un questionnement sans être invité à le traiter, au moins pour partie, depuis le terrain) nous apparaît préjudiciable aux étudiants et aux professionnels. Ce mémoire, tel qu’il est conçu jusqu’à présent, c’est à dire incluant une procédure d’enquête modeste mais réelle, permet en effet une démarche qui va au-delà d’une simple mise en place exploratoire, et qui donne l’opportunité à l’étudiant d’éclairer sa proposition à la lumière des éléments recueillis sur le terrain ou dans le cadre de synthèses théoriques et ainsi de pouvoir réfléchir, prendre de la distance, évaluer ses limites, établir des conclusions certes partielles mais opératoires, de mettre ainsi en perspective l’ampleur, bien souvent, de l’inconnu….et ce faisant s’ouvrir à de nouveaux questionnements. Cette deuxième phase, celle d’une enquête de terrain, tout à fait fondamentale à nos yeux, est un moyen pour l’étudiant d’être partie prenante de ses constats, de son analyse et de ses réflexions ; elle lui donne les moyens d’assumer ses limites, mais aussi sa responsabilité, elle lui permet en outre, certes d’une manière ou le rituel joue un rôle prépondérant au plan symbolique, comme au demeurant dans tous les processus menant à l’obtention d’un diplôme, d’occuper une place, si modeste soit-elle, et pour autant qu’on la lui laisse, dans le champ des recherches en travail social. Ainsi continuerons-nous de former des assistants sociaux n’ayant pas qu’une tête bien pleine mais aussi bien faite, dont l’ambition ne sera pas uniquement d’exécuter ou de « se référer à » (d’autres recherches….faites par d’autres qui seraient ou se penseraient plus compétents ou plus légitime à enquêter ? ?….) mais aussi, autant que possible, de réfléchir « avec ».
Ce sont les raisons pour lesquelles le maintien de cette épreuve dans toutes les phases de la démarche, et notamment dans la mise en œuvre d’une approche du type « enquête de terrain », en complément de l’approche théorique et conceptuelle et de l’exploration première du terrain, nous semble justifiée.
Il va de soi que l’ambition d’une enquête de terrain menée dans le cadre de l’épreuve de mémoire du DEASS a davantage valeur de pré-enquête, qu’elle ouvre plus de questionnements qu’elle ne donne de réponses, mais l’entièreté de la démarche permet au moins une cohérence de forme et une démarche de fond, pour l’étudiant et au bénéfice des acteurs de l’action sociale et de leurs usagers.
La valoriser et la développer nous semblent des ambitions bien plus opportunes que la réduire à l’expression, qui le cas échéant serait en effet bien du simple registre du rituel d’initiation, d’une exploration sans enquête post-problématisation, si modeste, répétons-le, soit cette enquête.
Cette épreuve existe en outre dans d’autres pays européens d’un niveau de formation identique ; à ce propos notons que dans l’article faisant état des réflexions de notre collègue Martine Noalhyt, il est indiqué que nous ne sommes reconnus que niveau Bac + 2, cela est vrai pour le statut de la Fonction Publique mais il serait utile d’ajouter que dans le cadre de l’Union Européenne notre diplôme est reconnu Bac + 3, les stages étant considérés comme un temps de formation. à part entière.
Nous sommes convaincus que chacun d’entre nous, formateur, professionnel du terrain, étudiant, souhaite conserver ce niveau et maintenir ces ambitions pour les générations à venir d’assistants sociaux, c’est la raison de notre engagement et l’ancrage du point de vue ci-avant exposé."
Pour un groupe d‘étudiants, de formateurs, de professionnels du terrain,
Christophe Voinchet, Assistant Social, Doctorant à l’Université Picardie Jules Verne, Directeur de mémoire en région Picardie.