Que veut le travail social ?


Le numéro 285 de la revue française de service social



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Les injonctions fusent autour du travail social. Apparu sous la forme que nous lui connaissons au début du XXème siècle, il se rêve depuis sa naissance au service d’une amélioration du sort des humains sur la terre et de l’organisation d’une vie sociale où chacun trouverait sa place. Le travail social définit ses cadres d'actions en conjuguant la bienveillance, le respect et la promotion de l’autonomie des personnes accompagnées à une farouche volonté de se tenir aux côtés des victimes ou de militer en faveur d’une plus juste répartition des richesses. Il revendique une légitimité venue de ses pratiques de terrain. Il se rêve en vaisseau progressiste et laïque qui tiendrait en toute circonstance le cap de la pensée humaniste. 

Belle constance que certains taxent parfois d’entêtement. Car autour de lui s’agitent les intentions d’une multitude de prescripteurs. Ceux qui sont venus du champ politique et administratif, se drapent dans leurs fonctions régaliennes pour exiger obéissance et discipline républicaine. D'autres, surgis du champ économique et entrepreneurial, l'enjoignent à réviser ses vieilles exigences au nom de la nécessaire frugalité des temps de crise. D'autres encore, issus de générosités condescendantes, lui demandent de plier devant leurs logiques caritatives en échange de malheureux subsides. La liste pourrait s'allonger (aux champs thérapeutique, sécuritaire ou judiciaire par exemple...) car tout le monde s'autorise un avis sur le travail social sans l'identifier comme un domaine de pensée autonome qui nécessiterait davantage de compétences que les qualités humaines que chacun s'attribue. Dans ce tourment de discours, le travail social peine à conserver la pleine conscience de lui-même.

Au printemps 1972, la revue Esprit lui consacrait un numéro historique qui interrogeait sa raison d’être. Elle le mettait en garde contre la fonction de régulateur social vers laquelle il glissait silencieusement. Le numéro fit grand bruit. Son effet électrochoc reste dans les mémoires. Il permit au travail social de poursuivre sa route, habité d’une meilleure connaissance des tentatives d'instrumentalisation dont il fait l’objet.

Ce numéro de la RFSS se propose d’explorer les axes suivants :

Une analyse critique de l’existant :
 
Qu’en est-il 50 ans plus tard ? Quel regard le travail social pose-t-il sur le chemin parcouru au cours du demi-siècle écoulé ? En a-t-il terminé avec le contrôle social ? 

Autour de quelles crispations sociétales se mobilise-t-il aujourd’hui ? Au prix de quelles contradictions ? Faut-il composer avec les impératifs d’une idéologie ultralibérale dominante en Europe ?

Quelle peut être sa place entre le retour du religieux et l'institutionnalisation du caritatif ? Comment affirmer sa spécificité lorsqu’il lui est enjoint de participer à sa propre financiarisation ? Est-il soluble dans les impératifs gestionnaires ? Comment articuler son action avec ce que l’on nomme “économie sociale et solidaire” sans primat de l’un sur l’autre ? Quelles arrières pensées repère-t-il derrière les discours de bienveillance qui se développent autour de lui ?

Rêver un travail social précurseur :

Comment le travail social de demain façonnera-t-il la société ? Que veut le travail social contemporain ? Quelles sont ses aspirations, ses désirs ? Dans quelles directions le mènent ses ambitions ? En faveur de quels publics ? 

Quelles sont les stratégies de contournement et d’innovation ? Quelles sont les pratiques d’avant garde ?
Le travail social peut-il être radical ?
Quelles en seraient ses utopies ? Ses dystopies ? A quoi ressemblerait un travail social idéal ?

Le numéro 285 de la Revue Française de Service Social développera ces questions pour faire progresser la réflexion et des envies de construire. Plus qu’un bilan d’évolution ou un état des lieux à dresser, il s’agit de faire germer des envies de construire, d’énoncer nos envies, de rêver les perspectives d’avenir du travail social pour commencer ensemble à les faire exister sans attendre.

Coordination : Isabelle BOISARD, Cristina DE ROBERTIS & Joran LE GALL (comite.redaction.rfss@anas.fr )

Calendrier : Réception des articles finalisés au plus tard le 1er février 2022. Dans l'intermédiaire, n'hésitez pas à nous faire part de votre projet en nous envoyant l'ébauche de votre articleParution prévisionnelle en juin 2022.


Indications pour contributeurs disponibles sur la page de présentation de la revue.

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Lundi 8 Novembre 2021

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