Depuis la fin de la semaine dernière, le DAL de la Somme se mobilise pour comprendre les difficultés vécues par les professionnels de l'action sociale et mieux comprendre et analyse les réalités des personnes à la rue.
Le président a parlé, la règle est claire : « RESTEZ CHEZ VOUS » Pas si simple quand on pas de chez soi ! Pas si simple quand on est dépendants des associations, des hébergements d'urgence, des lieux d'accueil de jour...
- Comment faire pour limiter les déplacements quand l'endroit où l'on dort n'est pas l'endroit où prendre un repas, où avoir son traitement ?
- Comment faire pour rester confiner quand sa place d'hébergement n'est garantie que quelques jours (quand tu as la chance d'en avoir une) ?
A Amiens, nous avons observé que des mesures ont été prises pour faire face à cette situation.
Les femmes et les enfants qui étaient sans solution en journée peuvent rester sur leur lieu d'hébergement et ainsi ne pas être à la rue. Les femmes et les hommes seuls quant à eux continuent de bénéficier de l'accueil de jour de la Passerelle.
Les places d'hébergement d'urgence sont attribuées pour une semaine pour limiter les déplacements Des mesures non négligeables mais qui interrogent un autre point :
- Quelles mesures sont prises pour aider et renforcer les équipes qui ont vu leur activité s'accroître ?
- Quelles mesures sont prises pour protéger les travailleurs sociaux qui continuent à travailler (jour et nuit) auprès de ce public vulnérable ?
Beaucoup d’entre eux, malgré les interdictions explicites du gouvernement, relayées par Mr RAMELET, directeur de la D.D.C.S sont contraints d'aller en visite à domicile, de passer de chambre en chambre, de logement en logement...
- Peut-t-on garantir que leur santé n'est pas menacée ? Est-t-elle moins importante que ces contrôles ? D’autres font face à une recrudescence de la fréquentation des lieux d'accueil. Sans aucun moyen de protection pour la plupart d'entre eux.
Les travailleurs sociaux disposent-t-ils d'une immunité sanitaire dont on aurait oublié de nous parler ?
Les nouvelles personnes ne cessent d'affluer, venant d'autres villes, d'autres pays. Que leur répondre ?
- L'heure n'est pas à l'itinérance mais peut-t-on vraiment se permettre de renvoyer quelqu'un qui demande à être mis à l'abri ?
- Comment rendre efficace le confinement si de nouvelles personnes arrivent perpétuellement ?
- Si certaines d'entre elles ne parviennent pas ou refusent à se maintenir au motif de difficultés diverses ?
- Si les équipes ne sont pas suffisamment conséquentes pour aider et accompagner les personnes dans cette phase inédite ?
- Comment assurer la continuité de l'hébergement d'urgence tout en assurant la protection des personnes accueillies et des salariés ?
Nous demandons donc :
L'arrêt immédiat et sans condition de toutes les visites à domicile sur les structures d'hébergement au profit d'appels téléphoniques quotidiens pour s'assurer de l'état des personnes accueillies (conformément aux instructions de Mr RAMELET)
Le gel des effectifs dans les structures d'accueil collectif (Passerelle, Avenir, Croix Rouge...) pour une réelle efficacité du confinement pour les personnes déjà accueillies ;
Le redimensionnement de ces structures pour permettre un accueil dans le respect des mesures barrière ;
L'ouverture sans délai de lieux d'accueil qui permettent un filtrage et un confinement efficace (logements diffus, hôtel ou petites structures ouvertes 24h/24h) accessibles à tous les nouveaux arrivants sans distinction avec une capacité d'accueil restreinte un dispositif relais pour les prestations auxquelles n'ont plus accès les personnes à la rue (douches, repas...)
Le renfort des équipes d'accueil de jour et de nuit avec mise à disposition de moyen de protection leur permettant d'appliquer efficacement les mesures barrière (redéploiement des salariés des différentes associations actuellement en réserve à domicile),
Le renfort d'une équipe médicale et paramédicale qui prenne en considération les difficultés spécifiques du public (addiction drogue/alcool)
Des consultations en direct des équipes de terrain afin de connaître leurs besoins réels
Ce communiqué n'a pas pour objectif de lancer une polémique mais a pour objectif d'obtenir des réponses concernant les préoccupations des personnels et des personnes fragilisées. Sur Amiens et ailleurs, les bonnes volontés souhaitent que les dispositifs initiés par l'état avec l'appui des associations et du CCAS se déroulent dans les meilleures conditions.
Ces mesures sont INDISPENSABLES pour protéger les personnes, les salariés mais également le reste de la population.
L'équipe du DAL de la Somme.
Le Lundi 23 Mars 2020
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La Section PICARDIE vous invite à trouver ci- joint la contribution du Comité Consultatif National Ethique (CCNE) sur les enjeux éthiques face à la pandémie.
Chers collègues,
Assistante sociale en établissement de santé dans l'Oise, je ressens le besoin aujourd'hui de partager avec mes pairs ce que je vis depuis quelques semaines.
J’ai pris conscience que la crise était là lorsqu’une collègue infirmière dans un autre établissement que le mien m'a envoyé un message « on a déclenché le plan blanc, c'est difficile ». Succinct, loin et proche à la fois mais surtout, nous avons la même patientèle, je comprenais que c'était une question d'heures avant que l'on soit impactés.
Je continue mon travail d'assistante sociale… les premiers entretiens avec des familles et des patients résidant le premier cluster de France. Les premières mesures d'isolement, et surtout le sentiment que ces personnes me livrent d'être « des pestiférées ». C'est dur à entendre à cette échelle mais il faut que je l’accompagne. La moindre démarche est compliquée, personne ne veut plus se rendre dans cette zone, la continuité de la prise en charge ne s’assure plus. Et, je reçois surtout la détresse de ces personnes dont la vie est mise en suspens parce qu'elles habitent au mauvais endroit. Une d'elles a, à priori un symptôme : je suis confinée à mon tour, stressée pour ma famille que j’embarque malgré moi dans cette drôle d'aventure.
Je pense à mes collègues assistants sociaux, j'envoie un message. Les retours font du bien, ils me remobilisent, on partage sur les mesures mises en place ici et là et, une question se pose : "sommes-nous indispensables ?"
Au premier abord, je me dis que non, comme toute la société à peu près. Et puis, les visites sont interdites à nos patients, les sorties sont freinées. C'est un tournant. Je pense que je vais passer mes journées à regarder les aiguilles de l'horloge tourner (à peu près). Mais, le téléphone se met rapidement à sonner, sans cesse. Les familles ont besoin d'être rassurées, passant d'une résolution à l'autre au fil des événements. Elles trouvent en nous l’oreille attentive. Je me vide de recevoir tout cela mais je comprends que notre profession est en fait en première ligne. Les patients veulent sortir puis finalement préfèrent rester et les services d’aides font face à la même crise que nous. C'est la galère ! Je me remplis de tout ce que me disent les patients et leur entourage et je donne, tout ce que je peux.
Les soignants arrivent à s'organiser, ils font l'objet de toute l’attention. Lorsque l'on nous demande de nous préparer à vider les lits pour faire de la place aux patients les plus nécessiteux, je prends pleinement conscience que les assistants sociaux hospitaliers sont oubliés dans cette crise. Personne ne réalise que nous allons travailler dans une situation tout à fait invraisemblable. Ancienne auxiliaire de vie, j'avais dès le départ en arrière-pensée que je prêterais main forte à mes collègues pour les soins d'hygiène et de nursing. A vrai dire, je n'avais pas envisagé que j'allais avoir moi-même besoin d'être aidée dans l'exercice de mes missions, sans considération. Beaucoup de dilemmes se posent, je participe aux listing des patients espérant des décisions les plus justes possibles. Je reste convaincue de ce pourquoi j'ai choisi mon métier, en connaissance de cause. Après 15 années d'exercice, je n'ai jamais autant compris pourquoi nous avons un numéro ADELI… J'entends les théories du complot, l'euphorie que le système soit en branle: « on va rigoler ». Je ne juge pas, j’accompagne, sans relâche.
Je discute avec mes collègues soignants et je comprends que l'on ne vit pas la même réalité mais la même difficulté. La question de la charge mentale n'a jamais été aussi palpable pour moi, je refuse d'abandonner ma tâche et de voir sortir les patients dans de mauvaises conditions et en même temps, je m'adapte au fil des informations, des décisions… Et là, je comprends combien la confraternité est une valeur essentielle à mon métier.
Merci aux collègues assistants sociaux qui partagent leurs oreilles attentives et bon courage à tous ceux qui sont impactés de près ou de loin par cette crise sanitaire.
CC
Je continue mon travail d'assistante sociale… les premiers entretiens avec des familles et des patients résidant le premier cluster de France. Les premières mesures d'isolement, et surtout le sentiment que ces personnes me livrent d'être « des pestiférées ». C'est dur à entendre à cette échelle mais il faut que je l’accompagne. La moindre démarche est compliquée, personne ne veut plus se rendre dans cette zone, la continuité de la prise en charge ne s’assure plus. Et, je reçois surtout la détresse de ces personnes dont la vie est mise en suspens parce qu'elles habitent au mauvais endroit. Une d'elles a, à priori un symptôme : je suis confinée à mon tour, stressée pour ma famille que j’embarque malgré moi dans cette drôle d'aventure.
Je pense à mes collègues assistants sociaux, j'envoie un message. Les retours font du bien, ils me remobilisent, on partage sur les mesures mises en place ici et là et, une question se pose : "sommes-nous indispensables ?"
Au premier abord, je me dis que non, comme toute la société à peu près. Et puis, les visites sont interdites à nos patients, les sorties sont freinées. C'est un tournant. Je pense que je vais passer mes journées à regarder les aiguilles de l'horloge tourner (à peu près). Mais, le téléphone se met rapidement à sonner, sans cesse. Les familles ont besoin d'être rassurées, passant d'une résolution à l'autre au fil des événements. Elles trouvent en nous l’oreille attentive. Je me vide de recevoir tout cela mais je comprends que notre profession est en fait en première ligne. Les patients veulent sortir puis finalement préfèrent rester et les services d’aides font face à la même crise que nous. C'est la galère ! Je me remplis de tout ce que me disent les patients et leur entourage et je donne, tout ce que je peux.
Les soignants arrivent à s'organiser, ils font l'objet de toute l’attention. Lorsque l'on nous demande de nous préparer à vider les lits pour faire de la place aux patients les plus nécessiteux, je prends pleinement conscience que les assistants sociaux hospitaliers sont oubliés dans cette crise. Personne ne réalise que nous allons travailler dans une situation tout à fait invraisemblable. Ancienne auxiliaire de vie, j'avais dès le départ en arrière-pensée que je prêterais main forte à mes collègues pour les soins d'hygiène et de nursing. A vrai dire, je n'avais pas envisagé que j'allais avoir moi-même besoin d'être aidée dans l'exercice de mes missions, sans considération. Beaucoup de dilemmes se posent, je participe aux listing des patients espérant des décisions les plus justes possibles. Je reste convaincue de ce pourquoi j'ai choisi mon métier, en connaissance de cause. Après 15 années d'exercice, je n'ai jamais autant compris pourquoi nous avons un numéro ADELI… J'entends les théories du complot, l'euphorie que le système soit en branle: « on va rigoler ». Je ne juge pas, j’accompagne, sans relâche.
Je discute avec mes collègues soignants et je comprends que l'on ne vit pas la même réalité mais la même difficulté. La question de la charge mentale n'a jamais été aussi palpable pour moi, je refuse d'abandonner ma tâche et de voir sortir les patients dans de mauvaises conditions et en même temps, je m'adapte au fil des informations, des décisions… Et là, je comprends combien la confraternité est une valeur essentielle à mon métier.
Merci aux collègues assistants sociaux qui partagent leurs oreilles attentives et bon courage à tous ceux qui sont impactés de près ou de loin par cette crise sanitaire.
Confraternellement,
CC
Ce Vendredi 06 Mars 2020, la Section PICARDIE de l’ANAS se réunissait autour de la thématique des violences conjugales.
Avec l'appui technique de Madame DEFONTE, assistante sociale en commissariat de police, cette rencontre a été l'occasion de réfléchir sur la définition de la personne vulnérable et sur l'application du secret professionnel en de telles circonstances.
Sur ce sujet, nous vous invitons à lire ou à relire l’article de Laurent Puech du 26/10/2019 : « La législation du secret professionnel ne s'applique pas aux femmes victimes dans leur couple ? ».
>>>>> https://secretpro.fr/blog/laurent-puech/legislation-secret-professionnel-victimes <<<<<
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, bonne lecture.
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