RFSS N°294 : « Le travail social à travers le globe : différences et valeurs communes »

Les assistantes de service social françaises furent des pionnières dans les échanges internationaux relatifs à leur profession. En 1928, elles furent des actrices importantes de la première conférence internationale de service social, et après la reconnaissance officielle de l’Association nationale des assistants de service social (ANAS), elles participèrent à la création de l’International Federation of Social Workers (IFSW – en français, Fédération internationale des travailleurs sociaux, FITS). Ces échanges se concrétisèrent au fil des années par la participation de l’ANAS au comité exécutif de la FITS, l’accueil de collègues étrangères en France, la traduction en langue française d’ouvrages sur les droits de l’homme, de l’enfant, la réalisation d’un recueil des standards sociaux européens… Ces divers liens permettent de constater que les valeurs du travail social sont communes, même si la méthodologie peut parfois différer selon les contextes. Ces éléments nous ont motivés à interroger quelques collègues de divers pays du monde afin de mieux cerner le service social dans son évolution, au regard des problématiques rencontrées, de la méthodologie mise en œuvre, de l’éthique assise de notre intervention, de notre accompagnement, et aussi de la formation. Nos collègues ont accepté de nous exposer leur travail social, en français ou en anglais, et nous les en remercions. Nous demandons aux lecteurs toute leur indulgence pour les traductions ! Ce dossier est divisé en trois parties. La première partie présente les acteurs internationaux dans leur contexte historique depuis la création de l’ANAS : Henri Pascal en donne une bonne photographie. Des exemples actuels de l’ANAS, toujours présente dans les relations internationales, sont décrits par Marie-Geneviève Mounier, et Ana Radulescu expose le travail de la FITS Europe – elle en a été la présidente jusqu’en mars 2024 –, après avoir situé le travail social en Roumanie dont elle est originaire. La deuxième partie est une analyse plus spécifique du travail social dans cinq pays, en particulier l’Italie, qui possède un ordre professionnel, et le Japon, où sont présentés l’évolution du travail social ainsi que ses problématiques et ses liens très forts avec le secteur de la santé, sans oublier le développement du travail collectif communautaire. La Suisse a une méthodologie assez proche de celle du travail social en France, ce qui est fort différent au Royaume-Uni, marqué par son histoire assez récente et ses quatre nations, même si les travailleurs sociaux sont enregistrés et qu’un diplôme ou son équivalent est nécessaire pour exercer. Quant aux États-Unis, il est possible de travailler conjointement comme salarié et en libéral, et la méthodologie d’accompagnement est assez psychosociale. Enfin, la troisième partie porte sur des situations spécifiques, dont certaines qui rejoignent les nôtres, telle celle que décrit Abdoulaye Mamadou Mbow dans son article sur la question du service social scolaire. Carol Castro, dans le contexte de l’immigration, met sur le devant de la scène la méthodologie et son intérêt. L’article de nos collègues arméniennes expose l’esprit créatif du travail social dans une situation de très graves conflits et de population déplacée, tandis que le Groupe plurinational thématique sur l’éthique, installé au Québec, nous donne des pistes de réflexion intercontinentale. À travers tous ces écrits, il apparaît que l’éthique et les valeurs du travail social sont identiques, ce qui est primordial.

Marie-Geneviève MOUNIER et Christine WINDSTRUP

Social work around the globe: differences and common values

The French social workers were pioneers in the international exchanges related to the profession. This journal testifies to the connections forged with colleagues from other backgrounds, connections that remain strong even in 2024. It highlights the value of these exchanges both in understanding social intervention methods in response to certain issues and in the ethical approach to our work.

There are three parts in the journal:

The first part presents past and present international actors, the role of ANAS, the role of the Federation of Social Workers, particularly in the European region.

The second part is a more specific presentation of social work in five countries: Italy, Japan, Switzerland, the United Kingdom, and the United States. The methodology of social work is common, but its application varies depending on the country.

As for the third part, it is a reflection on specific situations, such as school social work in Senegal, work with immigrant populations in Canada, Armenian social work in front of serious situations, and the multinational “Ethics” Group established in Quebec, which underscores the importance of international collaboration.