RFSS N°280 : "La lutte contre les violences conjugales : Un combat citoyen"

Présentation du sommaire du numéro 280 de la revue, du résumé du numéro ainsi que de l'article de Laurent Puech intitulé « Penser les violences faites aux femmes par des aidant·e·s »

Les violences conjugales restent, en 2020, une grande préoccupation des pouvoirs publics, ainsi que des institutions et des acteurs relevant du secteur social.

Ces violences existent depuis des siècles, dans tous les milieux et quels que soient la culture mais aussi le statut du couple et de la famille. Comment faire face à cette problématique ? Quel accompagnement est proposé aux victimes ?

Ce dossier structuré en deux parties tente de répondre à ces questions.

La première partie s’ouvre sur la présentation du cadre coercitif mais aussi préventif élaboré par le gouvernement français, notamment les dernières mesures mises en place qui datent de 2019 et 2020. Le développement de six idées reçues sur les violences conjugales est ensuite l’occasion de définir des limites pour appréhender ce phénomène. Puis un retour historique sur la médiatisation en France des violences faites aux femmes est proposé, avant un éclairage sur le cas de l’Espagne, dont la politique sociale, engagée, a devancé celle de la France.

Dans la deuxième partie, l’accompagnement social déployé fait l’objet d’une certaine critique. Malgré des difficultés d’approche, les institutions et les services relevant du secteur social mettent en œuvre les mesures de protection et de prévention définies, ainsi que l’accompagnement qui les sous-tend. Toutefois, les méthodes appliquées interpellent parfois. Les travailleurs sociaux, entre autres ceux des Maisons des femmes ou encore de l’association SOS Seine-Saint-Denis, essaient d’innover, se donnant pour objectif premier de rendre ces femmes autonomes et actrices de leur situation avec des potentiels pour agir. Leur second objectif est de créer un cadre de mieux-être pour elles-mêmes et pour leurs enfants.

 

Les violences conjugales sont universelles. Toutes les sociétés sont confrontées à ce problème, qui existe dans l’ensemble des catégories sociales, quelles que soient les cultures, les religions ou encore la typologie des couples (mariés, pacsés, concubins, homosexuels, hétérosexuels…). En effet, les victimes peuvent être des femmes, des hommes et des enfants.

De quoi parlons-nous ? Bien que le sujet soit présent dans tous les médias, il nous a semblé pertinent de rappeler brièvement de quoi il s’agit.

Les violences conjugales constituent une atteinte grave aux droits humains. La violence conjugale est exercée au sein du couple par un des conjoints sur l’autre. Elle s’inscrit dans un rapport de domination, et se distingue des disputes conjugales entre individus égaux. Elle concerne également celle exercée entre des ex-conjoints après la séparation du couple conjugal.
Les violences conjugales se caractérisent par un processus long, perfide et insidieux, avec une volonté des auteurs de contrôler et de dominer.

Physiques, psychologiques, économiques ou encore sexuelles, ces violences s’installent progressivement avec une intensité et une fréquence qui augmentent avec le temps. Plusieurs phases caractérisent également ces violences. On distingue, en effet, des périodes d’escalade, entrecoupées de périodes de rémission durant lesquelles l’auteur des violences minimise les faits et promet de ne plus recommencer. Le couple entame alors une période dite « de lune de miel » qui encourage la victime à continuer la vie commune. La victime tombe ensuite progressivement sous l’emprise de son conjoint tandis que les périodes de « lune de miel » deviennent de plus en plus courtes.

Ce numéro de La Revue française de service social a pris le parti de traiter cette question de société sous le prisme des femmes victimes, car elles sont les plus touchées par ce phénomène, notamment du fait du statut de la femme depuis des siècles.
Il est important que les professionnels, en lien avec les auteurs et les victimes, connaissent et comprennent bien, dans son ensemble, le phénomène des violences faites aux femmes afin de mieux accompagner ces dernières. Cette démarche est primordiale pour aider les femmes à sortir de la culpabilité et de la honte, mais aussi pour briser le silence. Elles pourront ainsi continuer leur parcours de vie hors de ce contexte chaotique tant pour elles que pour leurs enfants, qui sont des victimes à part entière.
Longtemps admises dans notre société et banalisées, les violences faites aux femmes dans le cadre conjugal sont progressivement passées de la sphère privée à la sphère publique pour finalement devenir un délit relevant du droit pénal.

Cependant, malgré les avancées politiques, législatives et sociétales, les violences faites aux femmes demeurent difficiles à déceler. C’est pour faire face à cette réalité que les travailleurs sociaux doivent savoir repérer ces situations, accompagner les femmes victimes, et les orienter. Il est également essentiel de prendre en compte ce que vivent les enfants exposés à la violence au sein de la cellule familiale, car ses conséquences directes ou indirectes influent sur leur développement. Enfin, la prise en charge des conjoints auteurs de violences conjugales est aussi une dimension incontournable.

Ce numéro de La Revue française de service social aborde en deux parties ce phénomène de société, auquel différents professionnels (travailleurs sociaux, psychologues, médecins, policiers et gendarmes, etc.) sont confrontés quotidiennement.

Dans la première partie, l’article de Marie-Geneviève Mounier apporte un éclairage en termes législatifs. Il est suivi d’une approche conceptuelle sur les « idées reçues » traitée par Laurent Puech. Enfin, Laetitia César-Franquet s’intéresse au cas de l’Espagne, « plus avancé que de nombreux pays européens du point de vue de sa législation sur les violences de genre ».

Dans la seconde partie, nous avons fait le choix de présenter des pratiques d’accompagnement avec quatre articles. Laurent Puech aborde la violence faite aux femmes de la part des professionnels censés les aider. Il en montre l’importance, ainsi que la nécessité de travailler les pratiques professionnelles. Ensuite, trois professionnelles  de Paroles de Femmes – Le Relais 77 nous décrivent le cheminement, plus ou moins long, des femmes victimes pour sortir des violences conjugales. L’association SOS Femmes 93 propose une réponse pertinente avec son accueil collectif, une forme innovante d’aide et d’écoute. Quant à Monique Fierdehaiche, assistante de service social dans un commissariat de police, elle nous fait découvrir son expérience.

Pour ce qui est de la rubrique « Communication », l’article de Laurie Julien et Oscar Labra, nos amis québécois, nous rapporte les résultats d’une recherche menée sur l’intervention individuelle en travail social auprès de femmes ayant des douleurs vulvo-vaginales persistantes.

Plusieurs assistantes de service social ont ensuite pris la plume dans la rubrique « Paroles d’assistantes sociales » pour partager leurs réflexions.

Ce numéro se poursuit avec la rubrique dédiée à la vie de l’ANAS, qui comprend deux communiqués, puis s’achève avec la présentation des livres reçus et les recensions des ouvrages lus.

Joëlle Delacôte

 

 

 

- Éditorial

Joëlle Delacôte

 

- Un nouveau cadre juridique face aux violences conjugales

Marie-Geneviève Mounier

 

- Violence conjugale : des idées reçues qui parasitent le positionnement professionnel

Laurent Puech

 

- Vers la médiatisation des violences faites aux femmes

Alexandra Destais

 

- Les inégalités de genre en Espagne : d’une revendication féministe à un pacte politique

Laetitia César-Franquet

 

 

- Penser les violences faites aux femmes par des aidant·e·s

Laurent Puech

 

- Victimes de violences conjugales : le parcours de la combattante

Marie Angaud, Lucie Dhervillez, Alexandra Duvivier

 

- L’association SOS Femmes en Seine-Saint-Denis : accueille, accompagne les femmes victimes de violences conjugales, en respectant leur choix

Brigitte Broux, Cécile Faucher, Gilles Lazimi, Anne-Marie Gutierrez

 

- Briser le silence, sortir de l’isolement

Monique Fierdehaiche

 

 

- Intervention individuelle en travail social auprès de femmes ayant des douleurs vulvo-vaginales persistantes

Laurie Julien, Oscar Labra

 

 

- Hommage à Blandine Dupont

Martine Gille

 

- Le meilleur était possible pour demain

Véronique Dutour

 

- Tribulations d’une assistante sociale spécialisée dans le logement

Analyse critique du plan quinquennal pour le Logement d’abord 2018-2022

Marie Mourez

 

 

- Communiqués

Contribution de l’ANAS à la sollicitation du Haut Conseil du travail social (HCTS) relative aux enseignements de la crise sanitaire pour le travail social : La crise sanitaire et les assistants sociaux : premières réflexions et propositions issues de la pratique

 

Communiqué du 8 novembre 2020

 

Tribune à l’attention des décideurs politiques, pouvoirs publics et institutions

 

- Nous avons reçu

 

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