Présentation du sommaire du numéro 285 de la revue, du résumé du numéro, de l'éditorial ainsi que de l'article de Karima Gacem intitulé « Pour un travail social humaniste, émancipateur et politique ».
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Numéro coordonné par Isabelle Boisard, Cristina De Robertis et Joran Le Gall
Au printemps 1972, la revue Esprit consacrait un numéro historique au travail social et interrogeait sa raison d’être. Le numéro fit grand bruit, son effet électrochoc reste dans les mémoires. Le travail social a poursuivi sa route, habité d’une meilleure connaissance des tentatives d’instrumentalisation dont il fait l’objet.
Cinquante années après, où en est le travail social ? Les injonctions fusent. Autour de lui s’agitent les intentions d’une multitude de prescripteurs. Ceux qui sont venus du champ politique et administratif se drapent dans leurs fonctions régaliennes pour exiger obéissance et discipline républicaine. D’autres, surgis du champ économique et entrepreneurial, lui enjoignent de réviser ses vieilles exigences au nom de la nécessaire frugalité des temps de crise. La liste pourrait s’allonger car tout le monde s’autorise un avis sur le travail social.
Mais aujourd’hui, que veut le travail social ? C’est cette question qu’aborde ce numéro de la RFSS, manière de comprendre où nous en sommes, d’affirmer qui nous sommes et ce que nous voulons.
La première partie propose une analyse critique sur l’existant en interrogeant le regard que le travail social pose sur le chemin parcouru au cours du demi-siècle écoulé. Elle examine les crispations sociétales autour desquelles notre secteur se mobilise aujourd’hui et au prix de quelles contradictions.
La seconde partie explore les rêves d’un travail social précurseur et se demande comment il pourra, demain, façonner la société, quels sont ses objectifs actuels, ses aspirations, ses désirs ou encore ses ambitions. En somme, le tableau d’un travail social idéal.
ISSN : 0297-0376
ISBN : 978-2-491063-12-2
Éditorial
Les injonctions fusent autour du travail social. Apparu sous la forme que nous lui connaissons au début du XXe siècle, il se rêve depuis sa naissance au service d’une amélioration du sort des humains sur la terre et de l’organisation d’une vie sociale où chacun trouverait sa place. Le travail social définit ses cadres d’action en conjuguant la bienveillance, le respect et la promotion de l’autonomie des personnes accompagnées à une farouche volonté de se tenir aux côtés des victimes ou de militer en faveur d’une plus juste répartition des richesses. Il revendique une légitimité venue de ses pratiques de terrain. Il se rêve en vaisseau progressiste et laïque qui tiendrait en toute circonstance le cap de la pensée humaniste.
Belle constance que certains taxent parfois d’entêtement. Car autour de lui s’agitent les intentions d’une multitude de prescripteurs. Ceux qui sont venus du champ politique et administratif se drapent dans leurs fonctions régaliennes pour exiger obéissance et discipline républicaine. D’autres, surgis du champ économique et entrepreneurial, lui enjoignent de réviser ses vieilles exigences au nom de la nécessaire frugalité des temps de crise. D’autres encore, issus de générosités condescendantes, lui demandent de plier devant leurs logiques caritatives en échange de malheureux subsides. La liste pourrait s’allonger (aux champs thérapeutique, sécuritaire ou judiciaire par exemple…) car tout le monde s’autorise un avis sur le travail social sans l’identifier comme un domaine de pensée autonome qui nécessiterait davantage de compétences que les qualités humaines que chacun s’attribue. Dans ce tourment de discours, le travail social peine à conserver la pleine conscience de lui‑même.
Au printemps 1972, la revue Esprit lui consacrait un numéro historique qui interrogeait sa raison d’être. Elle le mettait en garde contre la fonction de régulateur social vers laquelle il glissait silencieusement. Le numéro fit grand bruit. Son effet électrochoc reste dans les mémoires. Il permit au travail social de poursuivre sa route, habité d’une meilleure connaissance des tentatives d’instrumentalisation dont il fait l’objet.
Dans ce numéro, La Revue française de service social a choisi d’explorer deux axes principaux. Une première partie propose une analyse critique de l’existant, en interrogeant le regard que le travail social pose sur le chemin parcouru au cours du demi‑siècle écoulé et s’il en a terminé avec le contrôle social. Elle aborde ensuite les crispations sociétales autour desquelles notre secteur se mobilise aujourd’hui. Enfin, elle fait émerger les contradictions auxquelles nous sommes confrontés, notamment celles relatives aux impératifs d’une idéologie ultralibérale dominante en Europe. La seconde partie explore les rêves d’un travail social précurseur et se demande comment le travail social de demain façonnera la société, ses objectifs contemporains, ses aspirations, ses désirs ou encore ses ambitions. Elle met en avant les stratégies de contournement et d’innovation ainsi que les pratiques d’avant‑garde en posant l’hypothèse d’un travail social qui pourrait être radical en élucidant ses utopies et ses dystopies. En somme, le tableau d’un travail social idéal.
Isabelle Boisard, Cristina De Robertis et Joran Le Gall
ABSTRACTS
In the spring of 1972, the journal Esprit devoted a historic issue to social work and questioned its “raison d’être”. The number caused a commotion, its electroshock effect remains in the memories. Social work has continued its way, inhabited by a better knowledge of the attempts of instrumentalisation to which it is subject.
Fifty years later, where is social work ? The injunctions fuse. It agitates the intentions of a multitude of prescribers. Those who came from the political and administrative field, wrap themselves in their sovereign functions to demand obedience and republican discipline. Others, emerging from the economic and entrepreneurial field, enjoin it to revise its old requirements in the name of the necessary frugality in times of crisis. The list could go on because everyone allows themselves an opinion on social work.
But today, what does social work want ? This is the question that this issue of the RFSS addresses in order to understand where we are, to affirm who we are and what we want.
The first part proposes a critical analysis of the current situation by questioning the view that social work takes on the path taking over the past half century. It examines the societal tensions around which our sector is mobilising today and at the cost of some contradictions.
The second part explores the dreams of a precursor social work and wonders how it will be able to shape society tomorrow, what are its current objectives, its aspirations, its desires or its ambitions. In short, the picture of an ideal social work.
Sommaire
DOSSIER : QUE VEUT LE TRAVAIL SOCIAL ?
- Éditorial
Isabelle Boisard, Cristina De Robertis et Joran Le Gall
PREMIÈRE PARTIE : ANALYSER LES MÉTAMORPHOSES DU TRAVAIL SOCIAL
- Crise de l’État social, mondialisation et travail social
Emmanuel Jovelin
- Bien définir pour mieux pratiquer
Saül Karsz
- Vie, déclin et rebonds du travail social - Suggestions d’analyses
Michel Chauvière
- L’action sociale disciplinaire : repérer, évaluer, prendre en charge
Antoine Guillet
- Le travail social face à l’extrême droite
François-Xavier Duveau
- Affirmer notre solidarité
Yves Faucoup
- Résister à l’industrialisation ? Vers une approche radicale du travail social
Jonathan Louli
DEUXIÈME PARTIE : RÊVER UN TRAVAIL SOCIAL PRECURSEUR
- Pour un travail social humaniste, émancipateur et politique - Avec et pour les personnes accompagnées
Karima Gacem
- Le travail social en panne de sens - Le collectif au secours du singulier ?
Julie Huvelin
- Projections sur l’avenir du travail social
Lauluca
- Le travail social : qu’en est-il aujourd’hui ?
Ingrid Dromard et Anneliese Vernaz
- Rêver un travail social précurseur… Travail social, perspectives, formation, représentation, résistance
Sylvie Kowalczuk
- Pourquoi est-ce que je me mobilise le 1er février 2022 et qu’est-ce que je souhaite voir évoluer ?
Joran Le Gall
COMMUNICATION
- Le travail communautaire : développement, organisation, travail social - Essai de définitions
Laure Liénard
VIE DE L’ANAS
- Déclaration du 7 février 2022
- Nous avons reçu
- Nous avons lu
- À vos agendas !
- Derniers numéros parus
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